Secret, silence, sacré. La trinité communicationnelle de l’Eglise catholique

Stéphane DUFOUR

Abstract


Résumé : Les difficultés que rencontre l’Eglise catholique dans ce monde d’hypercommunication et de sollicitation médiatique permanente ne tiendraient pas seulement à la circulation du langage religieux en milieu profane ou à une mauvaise utilisation des médias. Les raisons sont plus profondes et tiennent plutôt à l’ethos communicationnel de l’Eglise catholique. Précisément, la posture communicationnelle de l’Eglise dans l’espace social serait configurée, pour une part, sur le secret ; non un secret originel, mais bien une culture et une pratique du secret qui traversent toute la tradition catholique, que ce soit, pour ne retenir que quelques-unes de ses formes d’expression, le livre scellé de l’Apocalypse, le sacrosaint secret de la confession, les secrets de Fatima, le huis-clos systématique des assemblées plénières, etc. Cette contribution propose d’analyser cet ethos communicationnel basé sur la valeur du secret, et de son corolaire, le mystère, à travers des actes d’énonciation qui impliquent des textes, des stratégies d’acteurs, des situations sémiotiques, tout ce qui construit la « scène » typique d’une action de communication religieuse.

Cette forme de vie caractérisée par le secret, manifestant une identité saisissable, entre inévitablement en confrontation avec la valeur de transparence. Cette dialectique du secret et de la transparence conduit à situer cette analyse sur la tension, source d’incompréhension et de crispations réciproques, entre le maniement du secret, la clôture informationnelle de l’Eglise, avec une prédilection pour le silence, et l’exigence de visibilité, d’immédiateté, d’ouverture de la société de l’information.

Mots-clés : secret, silence, sacré, ethos, transparence

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Abstract: If the Catholic Church experiences difficulties in today’s world of ‘hyper-communication’ and 24/7 media pressure, esoteric religious language or generalised misuse of the media may not be the only factors to blame. This paper is based on the hypothesis that the reasons run more deeply into the communications ethos of the Catholic Church itself. More precisely, the paper contends that the Church’s communication in the social sphere cannot totally escape the principle of secrecy. This is not to say that there is one particular secret which the Church wishes to keep, rather that the whole Catholic tradition is marked by a culture and practice of secrecy, as shown through such examples as the Seven Seals of The Apocalypse, the Holy Secret of Confession, the Three Secrets of Fatima, meetings held systematically behind closed doors, etc. This contribution will analyse this communicational ethos based on the value of secrecy and on its corollary: mystery, through acts of enunciation involving texts, actors’ strategies, semiotically-charged scenes and everything which helps set the “stage” for a typical instance of religious communication.

This cult of secrecy, as far as it can be identified, enters inevitably into conflict with the value of transparency. The dialectical relationship between secrecy and transparency leads us to focus our analysis on the tension between the Church’s desire to respect secrecy, to retain information and to remain silent, and the demands of visibility immediacy and openness we associate with information-based society.

Keywords: secrecy, silence, sacred, ethos, transparency


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On line ISSN 1775-352X
Paper ISSN 2066-5083

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